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Obésité : « je ne me suis pas vue grossir »

27 Mai 2019 / Temps de lecture 1 mn 20

Alors que le 23 mai marque la journée européenne de l’obésité, une étude s’interrogeant sur le rôle des facteurs émotionnels et traumatisants dans la prise de poids débute au CeLiObe de Lille.

Obésité : « je ne me suis pas vue grossir »

Sylvie a 38 ans, et comme 6,5 millions de Français, elle souffre d’obésité, une maladie qui évolue considérablement puisqu’elle devrait concerner un quart de la population mondiale en 2045, selon les conclusions du Congrès européen sur l'obésité de 2018. En un an et demi, la jeune femme a pris 35 kg sans « s’en apercevoir ». Cette importante prise de poids la pousse à consulter l’équipe soignante du centre libéral de prise en charge de l’obésité (CeLiObe) en vue d’une sleeve gastrectomie. Pour tenter de comprendre ce qu’il s’est passé, elle, qui jusqu’alors faisait si attention à sa ligne et ne saurait expliquer cette soudaine prise de poids, a décidé de participer à une étude clinique inédite en France.

 

Le vécu des patients mis en cause

Pour le Dr Dominique Boute, médecin nutritionniste du CeLiObe de l’Hôpital privé La Louvière (Ramsay Générale de Santé, Lille, France), nul doute que les mécanismes de l’obésité n’ont pas tous été révélés et qu’ils réservent encore bien des secrets, à l’instar du vécu de ses patients qui, pour la plupart, s’étonnent de ne pas s’être vus grossir. « Lorsqu’on creuse dans leurs histoires, on s’aperçoit que certains ont vécu des choses difficiles avec des antécédents traumatiques parfois sous-estimés ou négligés : viols, abus sexuels, violences conjugales, notamment chez les parents, troubles de l’attachement... C’est quand même extrêmement fréquent », témoigne le médecin (1) .

 

Se déconnecter pour ne plus rien ressentir

Force est de constater des similitudes dans les témoignages d’un grand nombre de ses patients. Ce professionnel formé en thérapie stratégique pose l’hypothèse d’un mécanisme psychique qui « déconnecterait » l’individu de son corps en réponse à une situation insoutenable. C’est l’état de dissociation (2). « Il concernerait également certaines personnes en restriction cognitive qui sont en permanence en combat contre elles-mêmes. Bien souvent, elles tiennent des propos malveillants à leur encontre, se mettent une pression folle et se disent qu’il faut absolument qu’elles maigrissent. Je veux évaluer si ces personnes, maintenues dans une stimulation émotionnelle permanente, sont aussi enclines à des tendances dissociatives qui les déconnecteraient de leur corps. Ce qui expliquerait pourquoi elles ne remarquent pas leurs changements morphologiques ». L’étude, à laquelle 240 patients devraient participer, débutera en mai 2019 pour une durée de 6 mois en vue d’une future publication.

 

 

Références

1/ Association of post-traumatic stress disorder and obesity in a nationally representative sample. Pagoto SL, Obesity (Silver Spring). 2012 Jan;20(1):200-5.

 

2/ Psychothérapie de la dissociation et du Trauma, C Tarquinio, Edition Dunod, 2016.

 

Cette étude est soutenue par la Direction Recherche et Enseignement de Ramsay Générale de Santé.